Dernier épisode ?
Façade et porte du logis, douve et pont
C’est donc un logis de plan rectangulaire d’environ 45 m de long, avec une aile en retour au nord-est, qui a été entièrement reconnu. Cet ensemble implanté à proximité immédiate de la rivière, est défendu par les eaux, canalisées côté ville dans des douves à caractère dissuasif.
Tournée vers la ville et précédée par un fossé, la façade principale du corps centrale offre sur toute sa longueur une élévation très soignée. Une dizaine d’assises de pierre de taille est visible. Ces pierres portent des marques lapidaires et forment une base talutée dans la partie médiane de l’élévation. Des contreforts scandent la façade au centre de laquelle se trouve la porte d’entrée du château. Comme le mentionnent des textes du XVe siècle, cet accès était précédé d’un pont dont subsistent des vestiges. Très probablement s’agit-il d’un élément des ponts du chasteau dont il est question de réparer les parties en charpente, en 1484-1486.
Ces dispositions correspondent à une époque où les murs de la nouvelle enceinte urbaine, projetée au sud de l’ancienne ville close, sont loin d’être achevés. Dans un premier temps, à l’image du logis ducal de Dinan construit à la même époque, la défense du château de Jean IV (1364-1399) à Vannes paraît fonctionner indépendamment des remparts. La confrontation des éléments découverts avec des documents des années 1380-1400, illustre cet aspect singulier du site de l’Hermine : une construction élevée dans un environnement de fond de ria, au sein duquel préexistait quelques aménagements hydrauliques. En effet, le projet dû tenir compte de la présence d’un moulin à blé, initialement propriété de l’abbaye de Rhuys, que le duc Jean IV souhaita maintenir dans sa ville de Vannes. Il fonctionnera sous l’appellation de moulin des Lices jusqu’au début du XIXe siècle.
Le silence qui entoure cette dernière campagne de fouilles ne laisse guère présager la conservation des vestiges in situ. Il semblerait que la construction d’un musée se développant en sous-sol, se fera au détriment de la sauvegarde de cet ensemble rare mis au jour par les archéologues. Que dire du montage d’un tel projet ? Toutes les données historiques connues permettaient d’envisager une telle découverte …
La Société polymathique demeure vigilante sur le devenir de cette demeure princière élevée par Jean IV, entre 1381 et 1385. Bon nombre de ses membres continuent à penser qu’aucune maquette, aucune restitution virtuelle, ne peut remplacer l’approche tangible d’un édifice et de ses ouvrages remontant à plus de six siècles.
Claudie HERBAUT, Historienne du patrimoine, secrétaire de la SPM
Références bibliographiques
- DANET Gérard, Le château de l’Hermine – Recherches historiques, Ville de Vannes, 2004, 94 p., dactyl.
- DANET Gérard, « Château de l’Hermine : apport de nouvelles archives », Bulletin et mémoires de la Société polymathique du Morbihan, tome 147, 2021, p. 38-39.
- HERBAUT Claudie, DANET Gérard et LE PENNEC Christophe, Les remparts de Vannes – Découverte d’une ville fortifiée des origines à nos jours, édition Ville de Vannes, 2001, 52 p. ; rééd. 2008.